DDC

Deep Development Capability

Le cœur du métier des forces d’opérations spéciales (SOF) s’inscrit dans un environnement complexe. L’environnement est souvent décrit comme VUCAT (Volatile – situations en évolution rapide, Incertain – de nombreuses inconnues, Complexe – de nombreux composants et interactions, Ambigu – de nombreuses interprétations des situations auxquelles nous sommes confrontés, Turbulent – absence de stabilité associée à des conflits, du désordre et de la confusion).

L’environnement complexe dans lequel nous évoluons est constitué d’une partie visible, et une autre partie du conflit est invisible. Les systèmes sont souvent impactés loin des champs de bataille – s’il y en a. Un exemple d’un tel environnement complexe pourrait être le Sahel. La région du Sahel est confrontée à des enjeux qui dépassent les frontières nationales.
Les champs de bataille sont instables. On ne sait pas toujours clairement qui sont les adversaires, quels sont leurs intérêts et où ils se trouvent. Les interactions des acteurs avec leur environnement et entre eux sont complexes.

La manière dont les parties prenantes sont perçues est ambiguë; la différence entre crime et terrorisme est parfois floue.
Dans chaque mission, il est essentiel de comprendre un conflit en profondeur et d’être en mesure de prendre les bonnes décisions qui conduisent à des actions adéquates dans l’environnement spécifique. La solution est de comprendre en profondeur le domaine et la dynamique humaine. L’environnement est par définition centré sur l’humain – les conflits concernent toujours les personnes.
Les humains en sont à l’origine, ils sont les acteurs des conflits et les victimes de ceux-ci. Le domaine humain est donc toujours au cœur des écosystèmes conflictuels.

Cette compréhension nécessite non seulement une recherche documentaire, mais également un engagement direct avec les personnes de cet environnement humain, pour obtenir plus de connaissances. Cependant, il s’agit aussi et surtout d’atteindre des effets. Le domaine humain n’est pas seulement un sujet de nos recherches, c’est aussi un objet.

L’objectif final est de trouver des solutions réelles pour obtenir les effets souhaités sur la base d’une analyse solide. Par conséquent, il ne s’agit pas seulement d’obtenir des informations, mais surtout de faire quelque chose avec ces informations, ce qui est la tâche principale de la capacité de développement en profondeur.

Caractéristiques et parcours de formation

La Deep Development Capability devrait pouvoir travailler soit de manière intégrée au sein d’une équipe de forces spéciales, soit en tant qu’élément indépendant.

Ce que nous recherchons chez nos candidats, c’est une combinaison rare de qualités spécifiques. Il existe des critères objectifs évidents – présents avant le début du cours – tels que la forme physique, les compétences linguistiques, les connaissances générales et les compétences tactiques (autonomie). Il existe également des critères subjectifs – révélateurs du potentiel – tels que l’esprit d’analyse, la créativité, la curiosité et les compétences socio-émotionnelles (aptitudes à l’empathie et à la communication par exemple).

Le parcours de formation commence par une semaine de sélection. Il consiste en une série de tests physiques et cognitifs pour évaluer le potentiel des candidats. Les candidats commencent ensuite le cours de base SOF à Marche-les-Dames pour être badgés SOF enabler. Cette partie de la formation dure 8 semaines et vise à ce que les candidats deviennent tactiquement et techniquement autonomes pour être intégrés dans une équipe SOF. Le membre du DDC n’a pas besoin d’être badgé para-commando. Après la partie tactique de la formation, les candidats entament le cursus SOF Human Domain (HD) et la phase spécifique DDC du track – environ 16 semaines de cursus suivies d’un déploiement opérationnel assisté (sur le tas) de 4 à 6 semaines.

En fonction de leur profil et de leurs qualités, les membres du DDC sont encouragés à développer davantage leurs compétences après la fin officielle du parcours de formation. Par exemple, certains sont formés et certifiés comme négociateurs de crise/prise d’otages, tandis que d’autres sont plus spécialisés dans les opérations à faible visibilité en milieu urbain.DEEP DEVELOPMENT CAPABILITY

Les missions et tâches de la Deep Development Capability

1. La « dipe dive » dans la complexité du domaine humain afin d’obtenir les effets souhaités dans le contexte plus large de l’assistance militaire (MA).

La manière dont nous déployons les forces spéciales (SOF) dans un environnement VUCAT (volatile, incertain, complexe, ambigu et changeant) dans un contexte militaire (Military Assistance ) est similaire à celle de déployer un petit élément SOF pour la détection pré-conflit. En effet, la détection pré-conflit pourrait également être décrite séparément et en amont du spectre des SOF, car elle permet d’identifier les opportunités et de présenter des options aux SOF quant au « comment » et au « quoi ». La mission principale serait de cartographier tous les segments pertinents de l’environnement humain (Human Domain), de concevoir et maintenir un réseau de parties prenantes, d’enquêter sur ces parties prenantes ou les groupes sociaux d’influence, et d’analyser les variables contextuelles de l’environnement afin de faciliter et/ou d’exécuter les engagements pour obtenir un effet.

2. LA DDC EN TANT QUE CATALYSEUR DANS LE CONTEXTE D’OPÉRATION DE RECONNAISSANCE SPÉCIALE et/ou À FAIBLE VISIBILITÉ

La DDC dépasse la simple capacité additionnelle dans le cadre de la reconnaissance spéciale (SR). Elle est un catalyseur essentiel pour permettre au Special Forces Group de maîtriser la reconnaissance en milieu urbain, ainsi que sur les théâtres actuels et futurs. Les membres féminins de la DDC apportent plus qu’un soutien ponctuel ; leur formation et leur entraînement leur permettent d’analyser en profondeur les systèmes humains et les groupes sociaux. Cette expertise représente une véritable valeur ajoutée, au-delà de leur utilité tactique en mode discret. Leur capacité à opérer sans être détectées dans des environnements complexes repose sur une compréhension approfondie de ces contextes, nécessitant une immersion substantielle pour naviguer avec finesse dans ces milieux humains sophistiqués.

3. DDC en tant que facilitateur ad hoc avec des compétences spécifiques en négociation dans le cadre d’opérations de réponse aux crises (CRO) ou d’opérations de sauvetage d’otages (HRO) dans le cadre d’une action directe (DA).

Les membres du DDC sont éduqués et formés aux négociations dans un large éventail allant des négociations dans des environnements permissifs aux négociations tactiques à haut risque, et tout cela en engageant des parties prenantes au niveau tactique, opérationnel et potentiellement stratégique.